Le parachute de secours /3
Le montage sur la sellette
Le montage consiste à:
- positionner le secours et une partie du suspentage correctement dans le pod,
- connecter le parachute à la sellette via les élévateurs,
- ranger les élévateurs du secours dans leur emplacement prévu sur la sellette,
- ranger les suspentes restantes dans le container de la sellette,
- connecter correctement la poignée au pod,
- mettre en place le pod dans le container de la sellette: dans le bons sens!
- fermer le container de la sellette et fixer la poignée,
- Vérifier que l’extraction est fonctionnelle et s’entraîner à la gestuelle.
Positionner le secours dans le pod
Attention: un secours neuf vendu dans son pod n’est pas forcement correctement plié. Son pliage date peut être de plus d’un an. Il n’est pas forcément positionné dans le bons sens. Souvent, il y a trop de suspentes dans le pod et pas assez à l’extérieur. Et enfin, le pod n’est peut être pas adapté à votre sellette.
Si un pod est livré avec la sellette, il faut utiliser celui de la sellette! A mon avis toutes les sellettes devraient être livrées avec leur pod. Et avec plusieurs options de volume de pod. Malheureusement c’est trop rare.
Le bord d’attaque du parachute doit être du côté de l’ouverture du pod, qui est le sens logique pour un bon déploiement.
Il ne faut pas mettre le bord d’attaque au fond du pod. Or, une certaine technique de pliage consiste à plier le sapin dans le pod. Du coup le bord d’attaque se retrouve au fond. Il faut plier le sapin à côté du pod, puis placer le pod par dessus, et enfin, retourner le pod avec le secours à l’intérieur pour le refermer. Le bord d’attaque se retrouve du bon côté.
Quelle longueur de suspentes dans le pod?
En parapente on a l’habitude de lover une certaine quantité de suspentes à l’intérieur du pod.
Il faut laisser environ 2 mètres de suspentes à l’extérieur du pod. Tout le reste, lové proprement dans le pod.
Au moment de lancer le pod, il faudra le jeter fort! A 4 mètres! Le pod s’ouvrira à 2 mètres du pilote…
Il faut savoir que le pod s’ouvrira alors que les suspentes ne sont pas en tension. Ce qui n’est pas la séquence la plus logique. Car pour que le secours puisse se gonfler, il faut de la tension dans les suspentes (comme lorsque l’on fait du gonflage en parapente ou en kite). Notre système est donc un compromis.
Pour bien comprendre il faut connaître la séquence d’ouverture d’un parachute.
La séquence d’ouverture d’un parachute
Vidéo: 1 minute 16 secondes
Si vous ne laissez pas assez de suspentes en dehors du pod cela pose plusieurs problèmes:
Le pod risque de s’ouvrir dès la sortie du container de la sellette. Le pilote ne pourra pas jeter son secours.
Vidéo: 33 secondes, pas assez de suspentes à l’extérieur du pod.
Plus le pod s’ouvre près du pilote, plus il y a un risque d’emmêlement entre le secours et le pilote. Surtout dans le cas d’un déplacement vertical au moment de tirer le secours.
En chute libre, la séquence d’ouverture se déroule dans l’ordre suivant.
- Un petit parachute que l’on appelle extracteur prend le vent et tire le pod vers le haut.
- Le pod reste fermé et les suspentes se délovent progressivement en restant en tension.
- Une fois toutes les suspentes tendues, le pod s’ouvre et libère le secours.
Sur l’image ci-dessous prise lors de ma PAC en 2009, on voit bien la séquence d’ouverture. Photo: Bruno Brokken.
C’est la séquence la plus logique mais elle nécessite un extracteur.
99,9% des parapentistes ne sont pas équipés d’extracteur.
Sans extracteur, s’il faut attendre que toutes les suspentes se tendent avant d’ouvrir le pod, il y a des situations où ça ne marche pas. En cas de fort taux de chute sans rotation, le pod flotte autour du pilote: il descend à la même vitesse que lui.
Sans extracteur, il est donc préférable d’ouvrir le pod un peu plus près du pilote. Le parachute commence alors à prendre le vent et fait office d’extracteur. Mais pas trop près!
Plus le pod ouvre loin du pilote mieux c’est.
Plus le pod ouvre haut mieux c’est. Il ne faut pas que le pod descende sous le pilote. Car en cas de déplacement vertical dans la masse d’air, le secours remontera vers le pilote risquant fortement de s’emmêler.
Un extracteur pour les parapentes?
On peut mettre un extracteur. Il doit être capable de porter le poids du secours à moins de 5 m/s soit 18km/h. Il faut donc de gros diamètre! Un extracteur trop petit ne sert à rien.
L’extracteur peut alors poser de nouveaux problèmes: c’est une source supplémentaire d’emmêlement avec la voile principale ou son suspentage.
Nous manquons d’expérience pour se prononcer sur la balance avantages / inconvénients de l’extracteur. Une batterie de tests nous permettrait de répondre à cette question qui me semble importante.
Pour ma part, je suis équipé d’un extracteur de 1m50 de diamètre capable de porter mon Rogallo qui est assez lourd. Je recommande l’extracteur pour les pilotes de voltige et sur au moins un des 2 secours.
Connecter le parachute à la sellette via les élévateurs
Connexion entre 2 élévateurs
Si vous devez connecter deux élévateurs, il est préférable d’utiliser un maillon en acier inoxydable carré de grosse résistance. Un choc violent à l’ouverture peut générer plus de 10 g sur un laps de temps très bref.
Il faut s’assurer que chaque élévateur reste bien en position. C’est à dire que chaque sangle doit rester du bon côté du maillon, prête à résister à un choc violent. Il arrive que le mousqueton se mette en travers, ou pire qu’une sangle soit accrochée par le système de fermeture ce qui réduit considérablement sa résistance.
Pour cela il existe deux techniques:
- un élastique (ou joint torique) sur les sangles des élévateurs,
- du scotch (bande adhésive) autour du maillon.
Les élastiques vieillissent très mal. Il faut les changer à chaque pliage.
Un élastique de mauvaise qualité finit par fondre et endommager les élévateurs.
Le scotch est bon marché. Il permet en plus de maintenir le maillon fermé. Car il n’est pas recommandé de serrer fort un maillon inox.
Il faut remplacer le scotch de temps en temps.
Il ne faut pas mettre de scotch sur les élévateurs: la colle pourrait endommager la sangle.
La connexion par tête d’alouette est risquée!
En effet si la tête d’alouette n’est pas parfaitement serrée, et en cas de choc violent à l’ouverture, les frottements pourraient bien endommager les élévateurs. Plusieurs cas de ruptures ont eu des conséquences tragiques.
La connexion entre les élévateurs et la sellette
Il est vraiment préférable d’accrocher le secours aux épaules et non aux mousquetons principaux de la sellette (là où on accroche la voile principale).
Certaines sellettes ont des élévateurs pour le secours intégré. Ça vaut le coup de regarder de près la qualité de fabrication: il ne doit pas y avoir de frottements possibles et l’accroche doit pouvoir résister même avec un pilote tête en bas.
On trouve peut-être encore dans la nature des sellettes présentant un défaut structurel. En cas d’ouverture très violente et un pilote tête en bas, les coutures sont sollicitées et cassent les unes après les autres. Là encore, malgré un accident fatal, rien n’a été fait pour éradiquer ces sellettes du marché de l’occasion.
La tête d’alouette est déconseillée!
Ou alors il faut qu’elle soit fermement serrée.
Là encore, le mieux est d’utiliser un mousqueton carré inox sur chaque épaule et de mettre du scotch autour du maillon.
Connecter la poignée au pod et mettre le pod dans la sellette
Selon le type de sellette et de container, l’attache de la poignée sur le pod est une opération importante et on voit souvent des erreurs qui compromettent les chances d’extraire correctement le pod de la sellette.
Voyons ce qu’il faut savoir…
Position du secours dans la sellette
Il y a essentiellement 3 positions du secours dans la sellette:
- Ventrale
- Dorsale
- Sous cutale
Secours en position ventrale
Avantages. C’est sûrement le meilleur endroit pour un secours. Le secours est proche du centre de gravité. Son extraction ne pose pas de problème et le geste permet de la puissance. Il peut être monté sur tout type de sellette et peut facilement être enlevé et remis en place selon votre forme de pratique.
Inconvénients. Toutes les manipulations de la sellette demandent des précautions. La connexion de la voile à la sellette et la connexion du secours doivent être méticuleuses. La visite pré-vol est un peu plus longue. C’est le principal inconvénient.
Par exemple, il faut faire attention à ce que les élévateurs du secours passent bien à l’extérieur! A l’extérieur des élévateurs de la voile et de la drisse d’accélérateur.
Pour des raisons de confort et de simplicité, la plupart des pilotes optent pour une position plus intégrée à la sellette.
Accrocher les élévateurs du secours aux mêmes mousquetons que la voile?
Certains modèles sont prévus pour être directement accrochés aux mousquetons principaux.
Je ne conseille pas ce montage!
Premièrement, le pilote reste en position assise sous le secours ce qui est beaucoup moins bien pour l’impact.
Deuxièmement, il va y avoir passage d’un élévateur du secours autour d’un élévateur de la voile ou autour du cône de suspentage de la voile.
Que l’on jette le secours d’un côté ou de l’autre.
En cas de choc violent à l’ouverture, le pilote va donc subitement pivoter. Il risque bien de se prendre des élévateurs dans le visage et perdre ses lunettes!
Mais surtout, deux sangles tendues qui frottent l’une contre l’autre risquent de chauffer et de s’endommager. On n’est pas à l’abri d’une rupture d’un élément ce qui serait dramatique.
Secours en position dorsale
Avantages. Bien intégré à la sellette. Geste d’extraction permettant de la puissance.
Inconvénients. Le secours non extrait de la sellette représente un véritable danger pour votre colonne vertébrale en cas d’impact sur le dos. Par exemple en cas de décrochage à proximité du sol. Je connais 2 personnes paraplégiques à cause du secours dans le dos.
Secours en position sous cutale
Avantages. Bien intégré à la sellette. Le parachute ne représente pas un danger en cas d’impact sans ouverture du secours.
Inconvénients. La poignée est souvent très loin en avant et si le pilote est couché en arrière, avec de la force centrifuge, il peut s’avérer impossible de l’atteindre. Le geste qui permet l’extraction du pod n’est pas puissant. Nombreux sont les pilotes qui éprouvent du mal à sortir le pod de la sellette.
Par ailleurs, la poignée du secours, sa petite sangle, le pod et les suspentes du secours peuvent facilement s’emmêler avec le cale pieds ou l’accélérateur. Comme nous l’avons évoqué au chapitre sur le poste de pilotage.
Le pilote ne doit jamais laisser pendre ni son cale pieds ni son accélérateur sous les cuisses (image de gauche ci dessus)!
Il faut les garder toujours sur le tibia (image de droite).
Autre inconvénient: le secours est exposé. A chaque fois que vous posez la sellette sur le sol, le parachute n’est pas loin et prend facilement l’humidité, le sable etc.
Secours en position latérale
On trouve parfois un container latéral dit “side”.
Cette configuration rend l’extraction facile. Mais le poids du secours déplace le centre de gravité. Cela se ressent en vol: en tangage par exemple, on voit souvent la manœuvre tourner progressivement du côté du secours.
Secours en position dite “top”
Certains constructeurs ont eu l’idée de placer le secours en position dorsale supérieure: en haut du dos. Ce n’est pas le top du tout! On ne devrait plus voir ces sellettes dans la nature. Car sous force centrifuge même de très bons pilotes avec un grand sang froid n’ont pas réussi à extraire le pod de la sellette.
Si vous avez ce type de sellette: brûlez la! Ou alors positionnez le secours en ventral!
Container à volets ou à tiroir?
Quelque soit la position du secours, il existe en gros deux systèmes de containers sur les sellettes: à volets ou à tiroir.
Les containers à volets
Plusieurs volets rabattables permettent de contenir le pod. Le système est maintenu fermé par une goupille ou un jonc. Il y a parfois plusieurs goupilles.
On trouve souvent des volets en position dorsale comme dans l’image ci-dessous, vue de dessus.
Une fois le système dégoupillé, les volets s’ouvrent généreusement. L’extraction du pod ne pose en général que peu de problèmes.
On peut remarquer que la gestuelle d’extraction va tirer sur le côté, certes, mais également vers l’avant. Si le container, une fois ouvert, conserve un petit rebord, il peut être intéressant d’accrocher la poignée au centre du pod. Même en tirant vers l’avant, un bras de levier permettra une extraction plus facile du pod.
Mais attention à libérer la goupille en 1er comme nous le verrons un peu plus loin…
Les containers à tiroir
Comme leur nom l’indique, le pod doit rentrer et sortir de la sellette par un seul côté et dans une seule direction, comme un tiroir.
On trouve souvent des tiroirs en position sous cutale.
Le problème des tiroirs, est qu’ils peuvent se coincer dès que l’on ne tire pas dans l’axe, ou que l’on provoque un bras de levier.
L’idéal serait donc une traction bien dans l’axe du tiroir…
Mais en réalité ce geste idéal est impossible: le geste va forcement tirer vers le haut!
Le positionnement du pod est donc capital pour une extraction facilitée.
Il faut regarder le point d’accroche de la sangle qui relie le pod à la poignée.
Si vous positionnez l’attache en bas, une traction légèrement vers le haut va provoquer une rotation du pod qui se coince.
Quand c’est coincé, plus on force et plus ça coince!
Il faut donc positionner l’attache en haut! Sous la planchette!
Souvent,l’attache de la sangle reliée à la poignée se situe dans le dos du pod. A l’opposé des volets.
Le bon montage dans un tiroir est donc: ouverture du pod en bas (flèche banche). Donc volets et suspentes en bas!
Il existe des tiroirs en position dorsale. Souvent en bas du dos. Il faut positionner l’attache côté dos du pilote et l’ouverture du pod vers l’extérieur.
Il y a encore un inconvénient des tiroirs en position sous cutale: une rupture de la planchette pourrait rendre impossible l’extraction. Pour ma part, j’ai déjà cassé 3 fois ma planchette.
Fermer le container de la sellette et fixer la poignée
Les systèmes de fermeture du container de la sellette sont très variables. Lors du montage, il faut vérifier que l’extraction sera possible.
Il faut dégoupiller et libérer les rabats avant de tirer sur le pod!
Attention si la sangle reliée au pod (en vert) est trop courte, l’ouverture est impossible!
C’est une erreur fatale!
La Vérification fonctionnelle
Nous avons vu un certain nombre de points importants à vérifier tout au long du montage. Parfois d’autres éléments peuvent rendre difficile la procédure d’extraction.
Il faut accrocher votre sellette sous un portique, vous asseoir dedans et vérifier plusieurs fois que le système est fonctionnel. Il faut être un peu paranoïaque! Car de nombreux détails peuvent rendre délicate l’extraction. N’oubliez pas que les tests que vous réalisez sous un portique sont loin de la réalité: pas d’émotion, pas de force centrifuge, pas de secousses…
Essayez plusieurs gestuelles y compris les pires. Tirez la poignée dans tous les sens y compris dans la direction qui vous permet d’avoir de la force: vers le haut et vers l’arrière pour les secours en position sous cutale, ou vers l’avant pour une position dorsale.
Si vous volez couché sur le dos, il faut absolument essayer la gestuelle en restant couché. Car en cas de force centrifuge il est souvent impossible de se redresser.
Si vous utilisez un cocon, il faut essayer en gardant le cocon tendu, mais aussi en position assise.
Demandez-vous ce qui pourrait poser problème.
Il faudra parfois faire de petites modifications. Par exemple mettre du scotch sur des velcros trop puissants.
Il faudra peut-être renoncer à connecter des systèmes incompatibles entre eux et investir dans du matériel adapté. Par exemple si votre secours est trop volumineux pour le container de la sellette, il faut soit changer de sellette, soit changer de secours, soit le mettre en ventral.
Tous ces tests doivent vous permettre de travailler et de mémoriser la meilleure gestuelle d’extraction en fonction de votre morphologie et de votre matériel.
CONCLUSION
Le montage du système de secours sur la sellette est bien plus délicat que le simple pliage d’un parachute.
A mon avis, c’est une affaire de spécialistes!
Référez vous aux manuels d’utilisation édités par les constructeurs.
N’hésitez pas à vous faire conseiller par un expert à chaque fois que vous installez un des éléments du système de secours.