Accueil - Manuel de Pilotage-Couverture - Sommaire - Pilote et pilotage - Le parachute de secours-sommaire - Le parachute de secours-2-Présentation générale

Le parachute de secours /2

Présentation générale

 

Un système de secours adapté à la pratique du parapente

Une des particularités d’un système de secours adapté à la pratique du parapente réside dans le fait que son ouverture peut se faire alors que le pilote est à des vitesses / air très variables. Parfois des vitesses très faibles, inférieures à 5 m/s (18km/h). En 360 la vitesse peut atteindre plus de 100 km/h. Si on imagine l’éventualité d’un désuspentage complet, on peut avoir besoin d’utiliser son secours à des vitesses de chute libre (250 km/h).

Une autre particularité: la plupart du temps, le parapentiste doit conserver la voile principale et ouvrir une deuxième voile. Ceci afin de rendre possible son utilisation à de faibles hauteurs / sol. Pourtant se retrouver avec deux ailes pose de nouveaux problèmes.

Il n’existe pas de système fiable à 100%.

En parachutisme, le système de secours offre un taux de réussite de plus de 99%. Ce qui est très bien! Mais pour arriver à ce résultat, les homologations concernant tout le système de secours sont drastiques. L’armée a fortement contribué à développer des techniques et à tester du matériel et des procédures. Et quand l’armée fait des batteries de tests, c’est par centaines voir milliers. De plus, seules des personnes qualifiées peuvent replier un secours et ils engagent leur responsabilité à chaque pliage. Mais surtout, votre matériel sera contrôlé avant de pouvoir monter dans un avion. Par ailleurs, chaque accident est analysé. Si un élément du système de secours est en cause, et qu’une amélioration est possible, elle deviendra obligatoire pour pouvoir utiliser le matériel concerné considéré comme défaillant.

Ce n’est pas le cas du parapente. Premièrement, en dehors de la compétition, le secours n’est pas obligatoire. Ensuite, tout le monde peut replier un secours, sans avoir de formation spécifique. Du moins en France. En Suisse, seule une personne qualifiée peut replier un secours et le monter sur une sellette. Mais de toute façon, il n’existe pas de contrôle sur les sites. Personne ne vérifie votre équipement. L’homologation des sellettes de parapente ne s’intéresse absolument pas au système de secours. Chaque constructeur est libre d’inventer et de commercialiser un nouveau système sans que celui-ci  ne réponde à des critères stricts, éprouvés et testés.

Du coup, la fiabilité de notre système de secours est assez faible. Entre les problèmes de conception, les problèmes d’inadéquation entre les différents éléments du système de secours, les mauvaises gestuelles, l’absence d’extracteur, et les situations de vol posant des problèmes d’ouverture… Je dirais que le taux de réussite d’une procédure d’ouverture de secours se situe lamentablement aux environs de 50% soit une chance sur 2.

Face à une telle liberté, le pilote a un devoir de responsabilité.

Car avec un bon montage du secours dans la sellette et une bonne utilisation, il est possible d’augmenter fortement cette statistique et de la rendre raisonnable.

Un pilote qui aime prévoir le pire peut se munir de deux parachutes de secours.

 

Que demande-t-on à un système de secours?

Qu’il apporte plus d’avantages que d’inconvénients.

Si un pilote s’équipe d’un parachute de secours, ce n’est pas pour la décoration. Ce n’est pas uniquement parce que c’est recommandé ou même obligatoire, par exemple pour faire de la compétition.

Bien que chacun espère ne jamais avoir besoin de l’utiliser, il faut tout de même envisager qu’un jour vous vous retrouverez pendu dessous de manière irréversible, dans des conditions aérologiques variables. La prise de contact avec la planète se fera sur des sols plus ou moins accueillants.

 

Ce que l’on demande à un système de secours c’est:

  • Une extraction facile dans toutes les situations
  • Une bonne solidité structurelle
  • Une ouverture rapide
  • Être stable sur le plan pendulaire
  • Et surtout: avoir un bon taux de chute!

Les autres critères comme le prix d’achat, le poids, l’encombrement, la couleur etc. doivent être à mon avis secondaires.

 

A propos du taux de chute

Le taux de chute annoncé par les constructeurs est obtenu si toutes les conditions sont réunies: pilote avantageusement situé dans la fourchette de poids, masse d’air calme et aucun balancement. Dans la vraie vie, l’aérologie peut dégrader le taux de chute.

Il n’y a pas de mystère: sous un parachute, plus il y a de poids, plus le taux de chute est élevé.

Il ne faut donc pas hésiter à prendre un secours de grande surface.

Contrairement à certaines idées reçues, les grands secours s’ouvrent tout aussi vite que les petits.

 

A propos de la stabilité pendulaire

Si un secours balance, le taux de chute se dégrade. De plus le pilote peut impacter dans une position plus délicate par exemple sur le côté ou sur le dos.

Pour tester la stabilité d’un secours, le pilote d’essai libère la voile principale lorsque le secours est ouvert et loin derrière le pilote. Ceci crée un fort mouvement pendulaire. Un bon secours doit arrêter de balancer et se stabiliser très rapidement. Ce n’est pas toujours le cas. Dans la vidéo ci-dessous, un exemple de parachute très instable.

Vidéo: 45 secondes, test d’un prototype de secours biplace se révélant beaucoup trop instable!

 

Mais un secours stable lors des tests, peut s’avérer instable dans une masse d’air agitée, ou parce que la voile vient perturber la situation: soit en créant des mouvements pendulaires, soit en déventant le secours, soit en s’emmêlant avec celui-ci.

 

Les différents secours

 

Il existe une multitude de parachutes utilisables pour le parapente.

Les parachutes ronds

La plupart des secours sont ronds. Ce qui rend le pliage facile. De plus un parachute rond est assez peu sensible aux twists.

La forme de base est une demi-sphère. Il existe en effet des parachutes hémisphériques.

secours-rond

Le bord d’attaque est la partie extérieure du parachute (en bleu).

La suspente centrale est appelée Apex (en rouge).

 

Parfois il existe 2 voir 3 coupoles

Le nombre de coupoles augmente le coût de fabrication mais assure une meilleure stabilité.

 

Parfois il existe des “fentes” ou “tuyères”

La présence de petites fentes laissant passer l’air augmente la stabilité mais augmente aussi un peu le taux de chute. Il faut donc plus de surface pour obtenir un taux de chute satisfaisant. Le coût de production est plus élevé.

 

Certains ronds à fentes sont “dirigeables”

On devrait dire plutôt “orientables”, du moins en théorie. Car la “finesse” est lamentable (de l’ordre de 0,25) et la présence de la voile, non seulement réduit encore le plané, mais surtout oblige le pilote à s’occuper de la voile plutôt que du secours…

 

Le Pull Down Apex (PDA)

Le plus répandu des secours est sans aucun doute le parachute rond avec apex rentrant que l’on appelle PDA pour Pull Down Apex. L’apex tire le centre du secours lui donnant un aspect plus plat.

secours-rond-PDA

L’avantage d’un PDA par rapport à un parachute rond est un meilleur taux de chute à surface égale (par rapport à un parachute rond classique).

Plus l’apex est rentré, meilleur est le taux de chute.

En revanche, plus l’apex est rentré, moins le secours est stable sur le plan pendulaire. Le constructeur doit donc trouver le bon compromis.

Par leur simplicité de fabrication et leur plus petite surface les PDA présentent un bon rapport qualité prix.

 

Les carrés

Il existe une nouvelle génération de parachutes carrés.

secours-fluid-1

 

D’après les constructeurs, les carrés présentent tous les avantages:

  • ouverture plus rapide
  • meilleure stabilité
  • et surtout meilleur taux de chute

 

Je n’ai pas encore beaucoup de recul sur ces secours. Mais d’après ce que j’ai vu, les secours carrés semblent effectivement très efficaces.

Voici une ouverture volontaire réalisée en démonstration lors des championnats du monde de voltige, à Doussard, en septembre 2016 avec le dernier né de chez sup’air: le fluid.

 

 

La stabilité est au rendez-vous et le taux de chute et réellement plus faible.

 

Les secours carrés ont le même encombrement que les ronds et la même simplicité d’utilisation.

 

Ce sont de bons parachutes grand public.

 

En revanche, le prix est souvent plus élevé et le pliage est légèrement plus délicat que pour un simple parachute rond. Si le constructeur à prévu des repères, et avec un peu d’habitude, les carrés peuvent être repliés aussi vite que les ronds.

 

Les “Rogallo”

Francis Rogallo, ingénieur en aéronautique américain, a inventé dans les années 1950, une aile souple à simple surface dirigeable et permettant une certaine finesse entre 1 et 1 et demi.

Les parachutes Rogallo ont une forme triangulaire, la pointe en avant, comme les deltaplanes dont le Rogallo est l’ancêtre.

L’apex tire tout le centre de l’aile. Ils sont souvent montés sur des élévateurs en “H” et équipés de 2 commandes de frein.

Les parachutes Rogallo présentent un très bon taux de chute et une excellente stabilité pendulaire. A mon avis, la meilleure stabilité du marché.

Son ouverture est très rapide. Une fois au sol, le pilote a accès aux commandes et peut piloter le parachute par exemple pour l’affaler en cas de vent fort.

Mais il y a plusieurs inconvénients. Le pliage est particulièrement délicat. Le parachute peut facilement twister et les twists entraînent de nouveaux problèmes. La mise en miroir avec la voile principale est potentiellement plus rapide.

Il est tout à fait possible d’utiliser un Rogallo sans libérer la voile principale. Cela se gère exactement comme pour un parachute rond. La plupart du temps, les ouvertures de secours se font près du sol. Le pilote doit gérer la voile principale et se préparer à l’impact sans se préoccuper du parachute. Sa bonne stabilité et son bon taux de chute sont des qualités suffisantes.

Mais en cas de hauteur / sol importante, il est possible de libérer la voile principale.

 

Rogallo-1

 

A plusieurs conditions: il faut déjà être équipé du système de largage de la voile principale et de l’accélérateur. Ce qui augmente votre visite pré-vol. Il faut aussi veiller à ce que le largage de la voile soit possible et c’est loin d’être toujours le cas! Il ne faudrait pas que la voile principale s’emmêle avec le secours, ou que le pilote soit emmêlé dans les suspentes de la voile principale.

De plus vous devez savoir qu’il est totalement interdit de larguer quoi que soit en vol. Et surtout pas son aile principale! Si les dégâts provoqués par votre voile sont coûteux, sachez que votre assurance ne vous couvrira pas!

Sans système de largage et avec de la hauteur / sol, le pilote peut tenter de ramener la voile à lui et la maintenir en boule entre les jambes et un bras. Il est alors possible de se diriger avec l’autre main.

Sur l’image ci-dessous le pilote a bien réussi à ramener totalement la voile entre ses jambes. Mais des twists empêchent le pilote de manœuvrer correctement le Rogallo.

 

Rogallo-2

 

Bref, ces parachutes nécessitent un apprentissage spécifique et du sang froid en situation de détresse.

Ce ne sont pas des parachutes grand public.

 

Acro base système

Pour les pilotes de voltige, il existe un système particulièrement efficace mis au point par Raul Rodriguez et le constructeur Sup Air. Le pilote libère la voile principale, qui tire le secours. Après une chute d’environ 30 mètres, le pilote se retrouve sous une aile à caissons robuste et parfaitement pilotable à 2 ou 3 de finesse. Il s’agit souvent d’une aile de base jump ou un secours de chute libre.

Ce système ne dispense pas de s’équiper d’un secours plus conventionnel qui peut être déclenché à plus faible hauteur / sol.

En cas d’emmêlement du pilote dans la voile ou dans les suspentes de la voile. Il ne faut surtout pas libérer la voile principale!

Ce système doit être utilisé par des spécialistes uniquement. Mais c’est un excellent système!

Même remarque que pour les Rogallo: larguer sa voile principale est totalement interdit!  A vos risques et périls!

 

Les éléments du secours

Un système de secours complet comprend:

  • Le parachute proprement dit avec sa voile, ses suspentes et son élévateur (et parfois des élévateurs complémentaires)
  • Les connexions
  • Le pod
  • La poignée
  • Le container de la sellette ou un container extérieur

 

Les manuels d’utilisation édités par les constructeurs

La sellette et le secours doivent être livrés avec un manuel d’utilisation. Il est facile de se les procurer en cherchant sur internet. Ils apportent des précisions importantes! N’hésitez pas à vous y référer pour chaque manipulation.

 

La voile et son suspentage

En dehors du type de voilure (rond, carré, rogallo…) les parachutes ont plusieurs tailles. Le grammage du tissu est très variable de même que le nombre et le diamètre des suspentes.

Le secours plié a donc un volume très variable. Les secours les plus volumineux peuvent être 4 à 5 fois plus gros que les secours ultra light. Les containers des sellettes ne disposent pas d’autant de souplesse.

 

Les élévateurs

Attention: il faut distinguer les élévateurs du secours et ceux de la sellette. En effet, certains secours sont livrés avec des élévateurs complets et à la bonne longueur. Parfois, ils ne sont munis que d’un mini élévateur en boucle de 10 à 40 cm. Il doit être relié à des élévateurs plus grands. Parfois la sellette est équipée d’élévateurs pour le secours. Il faut faire attention à ne pas relier deux élévateurs de longue taille car cela changerait l’éloignement du secours.

Il existe des élévateurs en “V” inversé. Le suspentage du secours est relié à un seul point.

Il existe des élévateurs en “H”. Dans ce cas les suspentes ont 2 points pour être reliées à l’élévateur.

On ne peut pas changer le type d’élévateur. Cela joue sur le calage du secours et donc sur ses performances.

Théoriquement, il devrait exister plusieurs tailles d’élévateurs. Ceci afin de pouvoir mettre en adéquation la longueur du cône de la voile principale avec celle du parachute de secours. Malheureusement ce n’est pas le cas.

 

Cône de la voile principale et cône du secours

L’idéal pour une bonne cohabitation des deux ailes serait qu’elles se touchent voile contre voile comme dans l’image de gauche ci-dessous.

Ce n’est pas facile à obtenir car la voile principale est souvent voûtée.

En parapente, on opte souvent pour un secours légèrement plus court que la voile principale (image de droite).

Il ne faut surtout pas que le secours soit plus long que la voile!

secours-et-principale-2-v2

Car il pourrait venir se placer dans la dépression d’extrados et ne jamais s’ouvrir.

Attention donc avec les ailes de petite surface et avec des cônes de suspentage courts. Avec une mini voile de speed riding ou speed flying, il n’existe pas de secours adapté!

 

Le container du parachute: le POD

Le pod est le sac qui contient le secours et permet son ouverture. POD est le sigle pour Pack Of Deployment.

Il en existe de toute sorte.

Certains pod sont une sorte d’enveloppe d’où le secours doit sortir par un côté. Ce système est obsolète! Changez de pod!

Le pod doit pouvoir s’ouvrir entièrement. Avec en général 4 volets rabattables.

POD-photo

La taille du pod doit être adaptée au volume du secours!

Un pod trop grand pose un sérieux problème: la fermeture par l’élastique n’est pas suffisamment en tension. Le pod peut s’ouvrir accidentellement. Le parachute peut ainsi rester dans la sellette, alors que le pod sort avec la poignée. Ou alors, le pod s’ouvre quand vous essayez de le lancer: au lieu de partir loin, le parachute tombe lamentablement.

Un pod trop petit risque de rendre compliquée la mise en pod. Il faut faire attention à ce que l’élastique de fermeture ne soit pas trop tendu et que l’ouverture soit possible avec le seul poids du pod.

 

La poignée de secours

Sur le pod vient s’accrocher la poignée du secours. Cette poignée est souvent livrée avec la sellette. Là encore il existe souvent plusieurs options pour l’accrocher, notamment au milieu ou sur un côté du pod. Chaque option correspond à une situation bien précise.

Le pod ne fait l’objet d’aucune homologation! Dans le passé des constructeurs ont mis sur le marché des pod présentant une défaillance structurelle. En cas d’extraction difficile, demandant de la force, il casse! Le pilote se retrouve alors avec la poignée du secours en main et le secours toujours dans la sellette. Au moins un mort à ma connaissance. On trouve encore ce genre de pod dans la nature.

Le pod vient se loger dans le container de la sellette, ou un container amovible fixé à la sellette.

 

Le container de la sellette

Chaque sellette a son propre container. Il a pour vocation d’accueillir le pod, les suspentes du secours et les élévateurs enfermés dans la sellette. Le système doit permettre de maintenir correctement le pod dans la sellette et éviter les ouvertures involontaires. Il doit aussi permettre l’extraction du pod sans problème.

Là encore, il existe une multitude de positions et systèmes plus ou moins judicieux.

CONCLUSION

Vue la diversité des parapentes, des parachutes de secours, des élévateurs, des pod, des poignées et des sellettes, il existe de nombreuses façons de réaliser un mauvais montage.

C’est à dire qu’il y a un risque que tous ces éléments ne soient pas en adéquation.

Consultez les manuels d’utilisation.

Il faut souvent bricoler pour adapter tout cet ensemble et obtenir un montage cohérent.

 

 

Sommaire du chapitre