Le Pilotage /3
Vue d’ensemble du pilotage
Essayons d’avoir une vision globale du pilotage. Nous rentrerons dans les détails tout au long de ce manuel de pilotage.
Les 4 éléments du pilotage sont:
- Le pilote
- Le poste de pilotage
- La voile
- L’environnement
Le pilote est le commandant de bord. Son rôle est d’analyser, prendre des décisions et agir. Pour manœuvrer et contrôler l’aéronef, le pilote dispose d’un poste de pilotage comprenant principalement la sellette et les commandes de frein. Les actions du pilote sont transmises vers la voile via le cône de suspentage. La voile s’appuie sur la masse d’air. Et tout ça dans un certain environnement.
Le pilote a sa morphologie et son caractère. Son humeur et sa forme physique sont variables. Il possède une certaine expérience: un savoir et un savoir-faire.
Sa tâche consiste à analyser une multitude d’informations, afin de prendre des décisions et se fixer des objectifs. Par exemple tourner à droite.
Puis il doit agir pour réaliser ses objectifs. C’est l’action de pilotage. Par exemple se pencher à droite dans la sellette et descendre la commande de droite.
Nous verrons que les décisions du pilote ne sont pas toujours le fruit d’une sage réflexion ou d’un apprentissage. Une multitude de facteurs influencent énormément les choix stratégiques du pilote.
Parfois le pilote réalise des gestes sans même passer par la case réflexion. Un geste réflexe. Il y a les bons réflexes, ou réflexes conditionnés qui sont le fruit d’un long travail et de nombreuses répétitions. Mais il y a surtout beaucoup de mauvais réflexes!
Le pilote peut également être victime de gestes involontaires. C’est à dire qu’il se penche dans sa sellette ou tire sur les commandes de frein sans le vouloir. L’exemple classique est celui du pilote débutant qui utilise ses mains pour s’asseoir dans la sellette, en oubliant qu’il tient les commandes de frein! Mais des gestes involontaires peuvent apparaître lors d’une cascade d’incidents secouant et déséquilibrant le pilote.
Nous consacrerons tout un chapitre sur le pilote et son mental un peu plus loin.
La voile possède elle aussi son caractère: voile école, gentille, accessible ou bien voile performante mais exigeante voire élitiste.
Il faudra tenir compte de son état du moment. La voile peut être toute ouverte, mais elle peut également se refermer. Une cravate peut se former. La voile peut voler normalement en marche avant, mais elle peut aussi être en parachutale, en marche arrière ou encore en vrille.
Le concept de tableau de bord
Vous voyez à quoi ressemble le tableau de bord de votre voiture… Vous voyez à peu près celui d’un avion avec sa multitude d’instruments et d’indicateurs permettant de surveiller chaque paramètre.
Pour les parapentistes, il n’existe pas d’instrument réellement utile pour le pilotage. Et pourtant, il nous faut bien surveiller un certain nombre de paramètres. Pour cela, notre tableau de bord est essentiellement mental et sensitif.
Le pilote perçoit son environnement par une multitude de capteurs: le vent relatif ressenti sur le visage, les mouvements de la sellette, la dureté des commandes de frein, le regard et même l’ouïe. Nous verrons que homo sapiens est muni de capteurs non adaptés au vol. L’oreille interne, siège de l’équilibre et de la perception du corps dans l’espace, est capable de fournir des indications erronées, source de désorientation spatiale.
Si les sensations sont connues, et si le pilote y est attentif, elles sont primordiales pour un pilotage tout en finesse.
Mais des sensations inconnues peuvent s’avérer désagréables et dégrader le moral du pilote.
La communication entre l’aile et le pilote
Un bon pilotage passe par une bonne communication entre l’aile et le pilote.
Comme toute communication, elle va à double sens: le pilote envoie des instructions à la voile (flèches noires) par exemple “tourne à droite!”. La voile envoie des informations au pilote (flèches oranges) par exemple “ça bouge!”.
Cette communication peut être très directe ou bien bridée.
Par exemple, la plupart des sellettes possède des réglages permettant de filtrer les mouvements de la voile. En serrant la ventrale, on ressent moins la masse d’air. Le pilote est moins secoué quand l’aérologie est mouvementée. En revanche, le pilotage à la sellette est alors fortement bridé. Les actions de pilotage sont moins efficaces. De même, une voile à grand débattement aux commandes est moins précise qu’une voile à petit débattement. Une voile école est beaucoup plus bridée qu’une voile performante. La charge alaire influence de manière très significative la communication: une voile faiblement chargée communique beaucoup moins bien qu’une voile fortement chargée.
S’il peut vous sembler plus confortable d’avoir une communication entre l’aile et le pilote qui soit douce et amortie, sachez que cela implique forcément un pilotage limité.
Le pilotage dans toute sa complexité
Voici donc une vue d’ensemble du pilotage. En vert les facteurs favorables à un bon pilotage. En rouge les facteurs défavorables au pilotage.